Rencontre

80.00
  • Rencontre
  • Rencontre

Artiste : Jean-Baptiste Guey
Sérigraphie 3 couleurs sur Olin 300 g
Année : 2024
Format 70 x 50 cm
Tirée à 10 exemplaires
Numérotée / Signée au crayon par l’artiste

A rebours des multiples fonctions de la photographie, Jean-Baptiste Guey recherche une interruption du sens dans l’acte photographique. Un désir de voir qui prend forme dans la suspension produite par la puissance ontologique de la photographie : un écart de la lumière entre le monde et la surface photosensible. Cette possibilité unique, quasi magique de la photographie a de multiples effets et le premier d’entre eux est cette déposition silencieuse du temps à la surface de l’image, une mémoire sans passé qui se réactive continûment...

''Toutes mes images sont les traces d’une rencontre. Elles m’ont approché au cours de longues marches répétées dans cette région retirée d’Espagne, l’Extrémadure. Elles viennent à moi (un horizon qui s’ouvre, un chemin qui se perd, un chêne qui ombre, une brume qui s’élève...) autant que je viens à elles avec pour médium, un appareil photo. Elles sont des choses vues au-devant de moi, attrappées, rapportées, assemblées avec la patience et l’obstination du chercheur d’or ou ce brin de folie qui habite le chasseur amateur de papillons. Oui, des rencontres avec le monde sensible, ce monde que nous habitons qui ne se sait ni beau, ni laid, ni droit ni courbé, ni vrai ni faux, ni net ni flou... Le monde est là dans sa mystérieuse présence qui se pousse, s’étend, se plie et se déplie tout en étant ramassé en lui-même. Et plus je m’avance vers lui, plus je ressens cette force; une énergie d’une telle intensité que nous avons beau le transformer et l’exploiter, le monde continuera à pousser sans nous... Alors, ce qui reste de mes traversées et rencontres sensitives, c’est sans doute cette saisie du monde dans l’instant photographique qui vient se déposer librement et croître dans une forme d’évidence depuis la surface des images. Et finalement, peut-être que le seul sens à y chercher est dans l’exercice de nos sens, dans le désir de voir qui est toujours mouvement : rencontrer les images, s’en approcher, s’arrêter, en ressentir les formes, s’en éloigner, éprouvant en nous-même que notre futur est déjà notre passé. Extrémadure, le chant de la terre nous vient, nous touche et nous regarde non pas pour une contemplation, pas même pour une consolation, juste pour “être avec” dans l’écart de la photographie.''